La chapelle de la Garanterie

à Saint-Quentin-les-Chardonnets


Tandis que le manoir de la Garanterie est situé sur la commune de Bernières-le-Patry, la chapelle se trouve sur le territoire de celle de Saint-Quentin-les-Chardonnets.

En 1658, Richard Dumont, de Saint-Quentin-les-Chardonnets, et son frère Louis, curé de la commune d’Espins près de Thury-Harcourt, firent construire la chapelle sur leur terre, en la paroisse de Saint-Quentin, à la lisière de Bernières, sur un édifice qui devait dater de la fin du XVIe siècle, comme le calvaire de granit qui se trouve derrière la chapelle.

Celle-ci avait été érigée par les frères Dumont sous le titre de Notre-Dame de Pitié et de l'apôtre Saint Jean-Baptiste. Elle mesurait à l'origine 20 pieds de long (c'est-à-dire 6m50 car un pied faisait environ 30 cm), elle était devenue trop petite vu l’affluence des fidèles et ne pouvait en contenir que la moitié.

Les 2 frères Dumont décidèrent donc de l’agrandir, mais la dépense était trop importante pour eux. Ce fut justement Jacques Le Marié, le trésorier-général à Caen, qui paya les frais. En échange, en 1679,  Louis Dumont, le curé d'Espins qui était aussi le chapelain de la chapelle de la Garanterie, et son frère Richard acceptèrent qu’après leur mort le seigneur de Saint-Quentin nomme les chapelains. La voûte fut modifiée ultérieurement.

En 1750, Gilles Dupont était ainsi le prêtre chapelain de la chapelle de la Garanterie. Il était donc nommé sur ce poste par la famille Le Marié. Il vivait avec sa mère au manoir de la Garanterie. Elle se nommait Anne Anger, et était veuve de François Dupont, sieur de la Morlière. Quand elle mourut, en 1771, elle fut inhumée à l’intérieur de la chapelle.

Le lundi 19 novembre 1759, vénérable homme Me Guillaume Marie, 96 ans, prêtre et chapelain de Notre-Dame-de-Pitié, est inhumé dans la chapelle du saint scapulaire de l'église de Saint-Quentin-les-Chardonnets.

Pendant la Révolution, des prêtres réfractaires, qui ne reconnaissaient donc pas l'autorité de la République, venaient y célébrer la messe en secret. Pour faire cela, ils risquaient la mort. Certains curés ont été fusillés sans procès, par exemple à Rully où on peut lire une inscription au-dessus de la sacristie à la mémoire de l'abbé Vallée.

Vers 1900-1920 il y eut une très grande vogue des cartes postales. Il y eut au moins 80 cartes différentes sur Bernières. Pour Saint-Quentin-les-Chardonnets il y en en eut environ une trentaine. Il existe au moins trois cartes postales représentant la chapelle de la Garanterie. A cette époque, il existait plusieurs processions annuelles qui se rendaient à la chapelle. Des pèlerinages avaient lieu régulièrement le jeudi de l’Ascension. Le dernier fut organisé en 1973.

Elle présente des vitraux du XIXe siècle. La chapelle appartient aujourd'hui au diocèse de Sées (Orne), et une association, Les Amis de la Garanterie, a été créée pour en assurer l'entretien et la restauration.


Un acte notarié du 6 janvier 1679 au tabellionage de Tinchebray (Orne) en mentionne l'agrandissement:

Le sixiesme jour de janvier mil six cents soixante et dix neuf,

Comme il soit ainsy que maistre Louis Dumont, prestre, curé de la paroisse d'Espins, et Richard Dumont son frère, de la paroisse de St Quentin, mûs de piété et d'un st zèle pour la gloire de Dieu eussent faict construire une chapelle en la dicte paroisse soubs le tiltre de Nostre Dame de Pitié et du glorieux apostre St Jean, laquelle ils avoient dotée et faict bâtir de vingt pieds de longeur après en avoir obtenu la permission de Monseignr l'illustrissime et révérendissime evesque de Baieux, et que par la suite du temps Dieu aiant béni un si sainct ouvrage la dévotion des fidèles s'est trouvée telle et l'affluence du peuple si grande au dict lieu que la dicte chapelle pouvoit à peine contenir la moitié de ceux qui asistoient au St sacrifice de la messe, pourquoy les dicts Dumont auroient esté obligés de recourir à mon dict Seignr l'evesque pour estre permis la faire augmenter de dix pieds, mais d'autant qu'il convenoit pour cela d'en faire abatre une partie et de l'accroistre de moitié, donc la despense leur eust esté trop onéreuse.

Furent présens les dicts Dumont frères, lesquels recoignoissants que de leur consentement la dicte augmentation de moitié en fond et superfice a esté faicte des deniers de Mr Maistre Jacques Le Marié, escuier, Sr de la Garentrie, patron de St Quentin, con(seill)er du roy, trésorier de France à Caen, dans la seigneurie duquel la dicte chapelle est située et que pour l'établissement de la dot d'icelle on ne luy avoit fourni aucun droict d'indamnité ny d'amortissement qu'il pouvoit légitimement prétendre pour les terres que les dicts Dumont y avoient assignées dont il a par ce présent fait donation à la dite chapelle, et attendu mesme que le dict Sr de la Garentrie, en considération de l'augmentation du dict batisment a bien voulu augmenter la dot de la dicte chapelle de dix livres de rente foncières paiables par chaqun an au jour de la Nostre Dame en mars au chapelain d'icelle, sans qu'il soit tenu par cela et obligé à plus grands services que ceux établis par le contract d'érection d'icelle y recours mais seulement pour participer luy et sa famille aux prières et services qui s'y feront.

Les dicts Dumont ont consenti que après leurs décès le dict Seigneur de la Garentrie, ou celui de son nom qui le représentra en la paroisse et seigneurie de St Quentin, nomme et présente à l'advenir en qualité de fondateur et bienfaicteur en leurs lieu et place personne idoine et capable à Monseignr l'Evesque de Baieux pour deservir la dicte chapelle et faire exactement les services establis par les dicts Dumont pour le salut de leurs âmes et celles de leurs prédécesseurs et amis, au désir du contract de fondation qu'ils en ont faict et passé devant Fouré et son adjoint, tabellion à Tinchebray, le dix huit septembre mil six cents cinquante huict, consentant que le dict Sr de la Garentrie en conserve les droicts et les propriétés, à laquelle fin luy en seront mis es mains les tiltres et letres de la dicte érection et quant à la dicte augmentation de dot cy dessus faicte par le dict Sr de la Garentrie à ce présent et acceptant il en a obligé tous ses biens présens et advenir demeurant libre toutes fois de l'assigner en fond de la valeur de deux cents livres au nom de la dicte chapelle, ce qui a esté ainsy accepté par le dict maistre Louis Dumont, chapelain présentement pour reçu d'icelle et par le dict Richard son frère, et ainsy promis entretenir par les parties, et présences de Me Guillaume Dumont, prestre, de Bernières, et Jean Goudier, dud(it) Bernières. P(rése)nce desquels approuvé une ligne en rature & une interligne.

Dumont 1679, Le Marié, Dumont Louis 1679, Jan Goudier, G. Dumont, Durand ad., Ybert.

(Archives départementales de l'Orne, 4E80-146, folios 29 & 30)

 

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